Formé à l’École du meuble de Montréal, Benoît Ducharme se distingue dès 1952 dans le programme d’ébénisterie (cabinet making), alors qu’il est mentionné parmi les meilleurs étudiants dans The Gazette. Cette reconnaissance précoce témoigne de ses compétences techniques et de sa sensibilité au travail des matériaux, qualités fondamentales qui marqueront l’ensemble de son parcours.
Au début des années 1960, il rejoint les rangs de la Société des décorateurs-ensembliers du Québec (SDEQ), dont il est déjà membre en 1961. Il s’implique activement dans la structuration de la profession et accède à la présidence de la SDEQ à quatre reprises : en 1972, 1973, 1978 et 1979. Durant ses mandats, il milite pour la reconnaissance du designer d’intérieur comme expert de l’espace et revendique un statut professionnel équivalent à celui des architectes ou ingénieurs, notamment dans une déclaration publique rapportée par The Gazette en février 1973.
En 1974, il est élu président des Designers d’intérieur du Canada (Interior Designers of Canada – IDC), devenant l’un des premiers Québécois à occuper cette fonction nationale. Il y représente les intérêts des professionnels francophones dans les discussions sur les normes de pratique, les compétences et l’harmonisation des titres.
À partir de la fin des années 1970, sa réputation dépasse les frontières québécoises. Il mène des projets d’aménagement en Arabie Saoudite, notamment dans les secteurs résidentiels et administratifs, ce qui illustre la portée internationale de sa pratique. En parallèle, il siège en 1978 au comité de consultation de la rédaction du magazine Décormag, aux côtés de professionnels influents des milieux du design, de l’architecture et de l’industrie du meuble.
En 1992, dans un entretien accordé à La Presse, Benoît Ducharme défend une vision du design d’intérieur ancrée dans l’usage et la durabilité. Il y critique les dérives formalistes du postmodernisme et affirme :
« Le design doit évoluer avec l’usager, répondre à des besoins réels, s’inscrire dans une logique durable, sans sacrifier l’intelligence au spectaculaire. »
Par son engagement continu — comme praticien, dirigeant associatif et penseur de la discipline — Benoît Ducharme a contribué de manière déterminante à la reconnaissance du design d’intérieur comme profession autonome au Québec et au Canada.
Recherche et rédaction : Marie-Claude Parenteau-Lebeuf