Marie-Claude Parenteau-Lebeuf, DG de l'APDIQ, à gauche
Avec une croissance démographique au beau fixe, due à la migration internationale, le Canada et le Québec, en particulier, attirent les convoitises des entreprises andalouses du secteur de la construction. De fait, au 1er octobre 2023, la population du Canada était estimée à 40,5 millions de personnes par Statistique Canada, soit une hausse de 430 635 personnes (+1,1 %) en trois mois. Il s'agit du taux d'accroissement démographique trimestriel le plus élevé depuis le deuxième trimestre de 1957 (+1,2 %).
La croissance démographique canadienne influe sur le marché de la construction
Cette croissance démographique a indéniablement des implications directes sur le marché de la construction et sur celui du design d’intérieur.
« Les secteurs de la rénovation et de la construction des maisons individuelles a, certes, quelque peu ralenti au cours des douze derniers mois et la crise du logement n’est pas encore résolue néanmoins le marché du multi-résidentiel a encore un beau potentiel de développement », analyse Marie-Claude Parenteau-Lebeuf, directrice générale de l’APDIQ.
Par ailleurs, cette dernière insiste sur l’essor, encore en cours, des marchés connexes de la rénovation et de l’aménagement des locaux commerciaux et des bureaux.
Marché de la construction : les spécificités du Québec
1. Les spécificités liées au climat. Marie-Claude Parenteau-Lebeuf note l’importance, pour tout entrepreneur étranger, de prendre en considération l’amplitude thermique propre à la Belle Province (entre +30 et -30 °C), car les répercussions sont nombreuses : tant sur la résistance des matériaux que sur les systèmes d’isolation choisis et sur les ciments et colles, etc. La boue, la neige fondue, le sel obligent aussi à bien différencier les matériaux disposés soit verticalement, soit horizontalement. Le gérant d’un magasin, qui voit des centaines de clients passer sur les surfaces au sol doit s’assurer que les matériaux -horizontaux- ne sont pas glissants ni trop salissants.
Autre exemple : dans le résidentiel, les propriétaires privilégient plutôt les planchers ou les parquets. « De plus, précise la directrice générale de l’APDIQ, la variation des températures entre les intérieurs et l’extérieur doit sérieusement être mesurée avant de lancer tout projet de rénovation ou de construction. En été, on passe d’une chaleur intense à l’air conditionné. Cette variation joue aussi sur l’érosion du bâti et sur la façon dont il doit être entretenu. »
2. Les spécificités liées à la culture.
• La langue : « Même si la plupart des Québécois sont bilingues, le français doit être présent sur toutes les notices présentant les produits et services. Vos mandataires sur place doivent également le parler. » De fait, avec la Loi 96, toute demande écrite déposée auprès d’une autorité administrative par une entreprise doit être rédigée en français pour l’obtention d’un permis, d’une autorisation, d’une subvention ou d’une aide financière.
• Par ailleurs, poursuit-elle, « les goûts sont réputés parfois plus subtils, ici, la façon de faire les affaires est aussi différente ». « Nous sommes plus flexibles et la hiérarchie est moins présente qu’ailleurs en Amérique du Nord. Nous profitons de la vie et une journée de travail ne peut pas se prolonger éternellement. »
3. Les spécificités liées aux pratiques professionnelles. Pourvoir des informations techniques et donner des garanties pour s’assurer que les matériaux résistent bien aux amplitudes thermiques constituent, également, des éléments clés d’une implantation réussie. Ceux-ci doivent être testés et approuvés par les équipes de construction sur le terrain.
4. Les spécificités liées à la réglementation. Enfin, Marie-Claude Parenteau-Lebeuf conclut sa présentation en invitant les entrepreneurs à s’entourer d’experts juridiques locaux pour mieux mettre à profit la réglementation en vigueur. De fait, le Québec est la seule province canadienne qui dispose d’un code civil, fondé sur le Code Napoléon de la France. Le reste du Canada applique la common law. Ces règles, basées sur des faits précédents, guident les juges appelés plus tard à prendre des décisions dans des causes semblables.
Aussi, ne pas négliger les lois et les réglementations fédérales en matière d’environnement, d’importations ainsi que le Code national du bâtiment, etc.
Bien s’enquérir, de la même façon, des réglementations et des lois comme la Charte de la langue française (Loi 101) et la Loi 96 ou la Loi sur la protection du consommateur, par exemple, qui émanent du législateur et de l’exécutif québécois.
Autres règles ou organismes à connaître :
- Régie du bâtiment du Québec,
- Code de la construction du Québec,
- Loi sur les architectes
- Réglementations municipales, etc.
Voir le webinaire.
